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Tu es vraiment si pressé : un moment de grâce libératoire et apaisé

La Parisienne life.png

Par 

Brigitte Corrigou

20 septembre 2020

Source : 

"Un duo d’acteurs émouvant, qui emporte le spectateur dans un tourbillon d’émotions et de sincérité."

Ces deux êtres-là, face à nous, ce pourrait être chacun d’entre nous avec nos interrogations diverses et récurrentes autour de la vie, de la mort, de la famille, de l’image maternelle, des secrets et des non-dits qui gouvernent bien souvent nos parcours individuels.


Madame Lefort est aux petits soins avec ses locataires, mais tout particulièrement avec ce monsieur Robin qui, jour après jour, prolonge son séjour sans raison avouée claire et franche, comme s’il était différent des autres locataires de passage...Que vient-il faire chez elle, au juste ?


Au fil des jours, des attirances réciproques se tissent entre ces deux individus pour le moins solitaires et quelque peu "fragilisés". Des attirances implicites, douces et subtiles.
Au fil du spectacle, les émotions que transmettent les comédiens prennent le pas sur la parole ou, en tout cas, la fertilisent grandement. Parce que le besoin de comprendre est là, bien présent, surtout de la part de madame Lefort qu pourrait paraître intrusive, avec toutes ces questions qu’elle pose à son visiteur. Mais il n’en est rien.


La mise en scène et le texte bien ficelé embarquent le public avec une belle fluidité. Celui-ci, à l’instar de la logeuse, est impatient de percer le mystère de cette rencontre.
Entre le petit déjeuner du matin, le thé de l’après-midi ou le petit Muscat apéritif, que madame Lefort offre avec attention à ce fameux monsieur Robin, le spectateur surfe avec tendresse sur ces deux âmes effarouchées, un peu sauvages, un peu blessées et escamotées depuis de nombreuses années, mais qui n’ont pas eu d’autres choix que d’avancer dans la vie, contre vents et marées.
Chacune à leur manière. Chacune dans ses acceptations de la vie telle qu’elle va, telle qu’elle fut et telle qu’elle les a forgées.


Le salon réconfortant, dans lequel les deux comédiens évoluent avec une belle incarnation, n’est pas sans renforcer la sensation d’apaisement et de cocooning, nécessaire à la libération de la parole de ces deux êtres. La porte ouverte de la cuisine, où les tasses et autres verres et petits gâteaux s’éclipsent tour à tour, apparaît comme un sas de décompression pour chacun des deux personnages qui s’y faufile régulièrement, afin de mieux se retrouver, peut-être, dans l’intimité des souvenirs. Et en sortir. Pour dialoguer, échanger et se découvrir.


Les deux comédiens, Chantal Péninon et Denis Tison, sont très affûtés dans leur jeu respectif et la mise en scène, par son économie de moyens, respecte à merveille le texte, l’ensemble étant renforcé par le charisme tout particulier de la comédienne.
Comment monsieur Robin aurait-il pu résister à la force de conviction d’une telle logeuse ?
Comment aurait-il pu ne pas se livrer à elle ?


Dans cette petite salle du Théâtre La Croisée des chemins, où une ambiance de proximité s’opère forcément - ambiance nécessairement masquée et respectueuse - le spectateur assiste à un très joli moment de théâtre, un moment de grâce libératoire et apaisé.


On aimerait, nous aussi, rencontrer une madame Lefort autour d’un petit café ou d’un apéritif, juste histoire de pallier certains doutes ou simplement de se confier...


Alors, soyez pressés, et courez assister à cette représentation émouvante, coquette à souhait.

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